Déposé le 17/05/2013 à 18h22 Témoignages
Papa,
Voilà bientôt trois ans que tu es mort à l'hôpital, très rapidement..Sans que je l'ai vu venir.Tu es rentré début juillet pour un mal de dos : on ne pouvait te garder pour cette seule raison .
Puis début aout , on t'a découvert un cancer du pancréas .Tout d'un coup , les choses se sont accélérées : tu pouvais rester à l'hôpital , toute la famille a pris congé pour te veiller , il fallait que tu vois une psychologue ... Pourtant , tu ne souffrais pas et n'étais pas conscient de ta fin proche : quatre jours avant que tu rendes ton dernier soupir (fin aout), tu m'affirmais ne ressentir aucune douleur lorsque tu étais couché et tu m'as même dit à la blague , en voyant ma caméra ," j'espère que tu ne me photographies pas su mon lit de mort "!
Je vois encore l'infirmière , perfusion en main , disant à mon frère : "j'apporte le produit ".
A ce moment , alors que tu avais encore regardé un match de foot avec tes deux fils la veille, tu es rentré dans un sommeil, une respiration haletante, infiniment rapide et violente qui a duré trois jours.
J'avais pourtant déjà essayé de contacter les soins palliatifs de l'hôpital : après le week-end, m'a t on dit..
Je me suis bien risquée à quelques réflexions dans cette ambiance feutrée de l'hôpital d'abord devant la famille : " mais il est violent ce produit" réponse d'une infirmière : " mais non, c'est pour ne pas souffrir "
Ensuite à l'infirmière de nuit que j'ai appelée dans un sursaut d'angoisse: " mais ce n'est pas normal , vous avez vu comme papa respire ?" . Elle me répond : " vous avez bien de droit de dire quelque chose , vous êtes sa fille, je vais diminuer le produit ".
De nouveau, pas de médecin visibl, pas de réponse à ma demande de soins palliatifs. Je semble surveillée, écartée de toute décision. Même la photo que tu désirais sur ton souvenir, je n'ai pu l'imposer .
Voilà comment , mon papa adoré , tu es parti en trois jours de produit.
Petite réflexion personnelle
On croit que l'euthanasie est faite à la demande des personnes afin de soulager leur souffrance : pas du tout ! Il suffit que 2 personnes de l'entourage s'entendent avec le médecin.. et la personne est partie .
Je ne parle pas des difficultés dans la famille pour garder la confiance et l'unité après ça! En fait on n'ose plus s'exprimer, faire mémoire de celui qui "nous a quitté".
C'est pourquoi, il faut que des règles nous aident et je veux me battre aux côtés de ceux qui ont le courage de réagir. Maintenant qu'un de nos enfants ( qui a un petit retard ) a atteint l'âge de 20 ans , je crains de voir arriver la loi sur l'extension de l'euthanasie aux déments et aux enfants.Instinctivement, je sens que, si nous les parents (et peut être après les frères et sœurs) manquons de vigilance, pour le moindre prétexte, la même chose que celle qui est arrivée à mon père, pourrait arriver à notre fils.
En fait ce monde manque d'amour et on veut éliminer les personnes pour éliminer les problèmes sans se rendre compte que c'est en gardant la flamme de l'amour que l'on en sortira.
J'ai vécu dans un village où, beau ou laid, malin ou pas, chacun a sa place.
Mais, dans le grand village de ce début de 21° siècle, en oOccident, les choses changent.
Je n'ai pas d'autres mots pour vous dire de réfléchir avant de commettre l'irréparable !