Déposé le 28/06/2013 à 15h33
En tant que pédiatre, responsable d'une équipe ressource de soins palliatifs pédiatriques en Picardie (la France est le seul pays à avoir organisé ce type de prise en charge de cette manière), et en tant que philosophe, je suis atterré par les phrases que je peux lire sur l'ouverture de la loi pour l'euthanasie des enfants.
Deux remarques :
1) Faire une loi pour quelques très rares enfants par an, est-ce bien raisonnable? N'y a-t-il pas d'autres sujets à prendre en compte bien plus vitaux ?
Je rappelle qu'il n'y a environ que (et tant mieux) 50 enfants qui meurent dans un contexte de soins palliatifs (définition OMS) par an et par million d'habitants dans nos pays dits civilisés.
Plus de 9/10 ont des maladies entraînant des troubles de la conscience majeure.
Je n'ai jamais eu aucune demande depuis 3 ans d'enfants et jamais de familles depuis que nous accompagnons réellement celles-ci jusqu'au bout.
Peut être faudrait-il que les élus viennent suivre nos équipes. Ils nous donneraient alors un peu plus de moyens financiers pour que nos accompagnements soient encore plus optimaux.
2) De l'euthanasie comme réponse à une angoisse majeure existentielle...
La loi sur l'euthanasie fait le lit à la désespérance de la jeunesse qui n'a plus que l'alcool, le tabac et les troubles de l'oralité (obésité - anorexie) comme solution avant la mort réelle.
Quelle image donnons-nous à nos enfants ?
De plus, je suis ainsi et aussi toujours surpris de voir comment des personnes qui se disent socialistes ou écologistes sont les inconditionnels du libéralisme libertaire. N'est-ce pas là révélateur d'un manque flagrant de réflexion et de formation philosophique de la part de nos élus ?