Déposé le 31/05/2013 à 14h36
Deux principes me semblent fondamentaux dans la médecine moderne et me guident dans la vision que j'ai de la médecine en tant qu'étudiante en cette matière. Il s'agit, d'une part, de la définition de la santé adoptée par l'OMS (1946) et, d'autre part, de la nécessité du consentement éclairé tel qu'exigé par la loi sur les droits des patients (2002).
Ces deux principes essentiels me semblent remis en cause, quand j'examine la nouvelle proposition de loi sur l'euthanasie visant l'extension aux personnes démentes.
Les soins médicaux ont à l'évidence pour but d'assurer au patient un meilleur état de santé. La santé est définie par l'OMS comme un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en l'absence de maladie ou d'infirmité.
Qu'en est-il pour les projets de loi visant l'extension de la loi actuelle sur l'euthanasie ?
Sans évoquer les patients euthanasiés (pour qui il me semble évident que le 'bien être' est relatif puisque précisément, il n'y a plus d'être !), parlons des patients déments et des conséquences que pourrait avoir sur leur santé une nouvelle loi les concernant !
Il est bien compréhensible que, pour chacun d'entre nous, la perspective de 'perdre la tête' inquiète ! Il y a la peur de ne plus être une personne digne et de vivre dans un monde devenu absurde. Il y a également la crainte de peser sur l'entourage et sur la société. Dans ce contexte, un patient commençant une démence cérébrale peut interpréter la nouvelle proposition de loi de cette façon-ci : la société m'encourage à être 'généreux' et à ne pas être un poids pour elle ni pour mes proches, je vais introduire une demande d'euthanasie. Indépendamment du fait de savoir si la demande d'euthanasie va aboutir ou non, il me semble qu'une telle perception aura des effets néfastes sur la santé du patient, en particulier l'aspect mental et social que définit l'OMS.
Le consentement éclairé du patient constitue un autre principe fondamental de la médecine moderne. La nouvelle proposition de loi vise à prolonger pour une durée indéterminée la durée de validité d'une déclaration anticipée. Or, il me semble que sur les questions qui touchent à la vie et à la mort, une opinion peut changer. Par conséquent, avoir consenti il y a de nombreuses années, dans un contexte différent, ne signifie pas que le désir demeure d'actualité. Le fait que l'opinion puisse changer se vérifie dans certains moments graves de la vie d'une personne, notamment en cas d'apparition d'une maladie. De plus, je crois que le médecin ne perçoit pas toujours correctement ce que le malade aurait souhaité s'il avait été en mesure de prendre une décision. Il n'est donc pas non plus la personne adéquate pour décider si la demande anticipée doit être « satisfaite » ou non.
Dès lors, dans une situation de démence avancée, il me paraît incorrect d'affirmer que l'euthanasie serait pratiquée avec le consentement éclairé du patient !
Quelle sera la médecine de demain ? Dans quel contexte pourrai-je exercer ma profession ? J'aimerais pouvoir agir pour une santé globale des patients avec leur consentement éclairé pour les décisions à prendre !