Jacques ZEEGERS
Chroniqueur
Les propositions visant à élargir le champ d'application de la loi relative à l'euthanasie et actuellement soumises au Parlement belge se justifieraient, selon leurs auteurs, sur une constatation : la loi de 2002 contiendrait des « imperfections ». Cette justification appelle déjà une première remarque. Pour pouvoir perfectionner une loi, il faudrait que celle-ci soit bonne en elle-même. A partir du moment où une loi est perverse – et c'est bien le cas de cette loi qui autorise un médecin à donner la mort – on ne voit pas comment on pourrait la « perfectionner ». Perfectionner une chose mauvaise, c'est la rendre plus mauvaise encore...
Lire « Elargir le champ de la loi relative à l'euthanasie ? Une loi perverse peut-elle être « perfectionnée » »
Catherine DOPCHIE
Oncologue
Les soins palliatifs sont tellement efficients que même les partisans de l'euthanasie disent que ne pas savoir soulager les souffrances physiques est aujourd'hui de l'incompétence médicale. L'euthanasie est donc surtout appliquée pour des souffrances de perte du sens de la vie telle qu'elle est. L'euthanasie est désormais banalisée, et certains déclarent, contrairement à l'esprit de la loi, qu'elle n'est plus ni une exception, ni une transgression éthique mais un accompagnement en douceur proposé pour éviter toute souffrance inutile, sans attendre un délabrement physique ou psychique insupportable. La demander est présenté comme un acte courageux, la pratiquer, comme un acte empli d'humanité...
Lire « L'euthanasie comme aveu de l'incompétence médicale ? »
Eric VERMEER
Ethicien et infirmier
Après avoir travaillé une décennie dans un service d'onco-hématologie et dix autres années dans un service de soins palliatifs, je suis arrivé, en toute objectivité, à la conclusion que l'euthanasie ne constitue pas la réelle réponse qu'attendent les personnes malades en grande souffrance. Si le but de la médecine est de « servir la vie et de promouvoir la santé », il existe d'autres manières, plus citoyennes et plus responsables, d'y arriver que celle de supprimer la vie pour supprimer une souffrance psychique ou une douleur rebelle.
Je suis d'autant plus consterné aujourd'hui devant les propositions d'extension de dépénalisation de l'euthanasie, concernant les patients « déments » dans le cadre de la déclaration anticipée et les enfants souffrant d'une maladie incurable, étant dans une situation de souffrance inapaisable...
Lire « L'euthanasie dans tous ses états ! »
Dr Benoît BEUSELINCK
Médecin oncologue
Depuis 2002, l'euthanasie est, sous certaines conditions, dépénalisée en Belgique. Je fais partie du groupe chaque fois grandissant de médecins qui estiment que cette loi apporte plus de problèmes qu'elle n'en résout.
Point n'est besoin de citer la Bible ou l'une ou l'autre encyclique ; mon argumentation peut se baser entièrement sur une observation scientifique/empirique. En effet, le seul "avantage" de cette loi, c'est qu'elle a transformé notre pays en un laboratoire où l'on peut voir au-delà des considérations philosophiques et dans la réalité de la pratique quotidienne les changements profonds de mentalité et les aberrations qu'une pareille loi peut induire en dix ans...
Lire « Prendre la défense de la vie ... mais aussi la défense du médecin ! »