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L'euthanasie n'est jamais un gain au niveau de la civilisation

Déposé le 24/09/2013 à 17h55

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Olivier BONNEWIJN Olivier BONNEWIJN
Prêtre et Dr en théologie

A un adolescent gravement malade, qui souffre et qui demande l'euthanasie, que répondez-vous ?

La première chose, c'est d'être présent à ses côtés, de l'écouter et de tâcher de comprendre ce qui se cache derrière cette terrible demande. Ensuite, il faut lutter au maximum à ses côtés contre sa grave maladie par un traitement approprié et contre la douleur par une médication adaptée. Enfin, dans certaines circonstances, on peut envisager avec l'adolescent et ses parents le recours à des soins palliatifs. Quoi qu'il en soit, il convient d'éviter deux extrêmes : d'une part l'acharnement thérapeutique, d'autre part l'euthanasie.

Plus concrètement, dans votre livre, vous reprenez le cas d'une adolescente de 15 ans atteinte d'un cancer de la peau. Quelles sont vos pistes de réponse ?

1° Entendre et respecter infiniment ce cri de détresse, y compatir pauvrement.

2° Aider cette jeune fille à décrypter son désir profond : il n'est pas tout à fait clair qu'elle demande l'euthanasie.

3° Lui donner une médication antidouleur efficace.

4° Veiller à la délicatesse des soins, à leur fréquence, au matériel utilisé (des draps non irritants et parfumés par exemple, changés régulièrement).

5° Lui proposer un suivi psychologique.

6° Lui offrir des séances de relaxation, de kiné, des repas soignés, des relations de qualité avec son entourage faites de présences, d'échanges et de petits gestes. On pourrait encourager - et discrètement soutenir - les visites de ses amis : cette jeune fille, comme toutes les jeunes de son âge, a soif d'amitiés hors du cercle familial.

7° Garder le souci de son développement intellectuel et culturel dans la mesure où ses conditions de santé le permettent : musique qui lui plaît et qui lui fait du bien, ...

8° Enfin, il y a l'accompagnement spirituel autour de la question du sens et de Dieu.

Ce sont ces pistes-là que j'appelle des "chemins d'humanité". De son côté, l'euthanasie n'est jamais une solution humaine, même si elle est techniquement et légalement concédée dans notre pays, sous certaines conditions.

Vous vous opposez donc radicalement à cette « solution » ainsi qu'à son extension aux mineurs ?

Sur les 47 pays membres du Conseil de l'Europe, il n'y en a que trois qui ont dépénalisé l'euthanasie. Cela signifie qu'ils reconnaissent qu'une telle pratique est un mal, mais qu'ils ne poursuivent pas pénalement ceux qui la pratiquent sous certaines conditions. Ce n'est jamais un gain au niveau de la civilisation que d'aller dans ce sens-là. En outre, dans nos pays européens aujourd'hui, il y a toujours moyen en principe d'accompagner les personnes avec une médication antidouleur efficace.

Que répondez-vous aux partisans de l'euthanasie qui parlent de la liberté de l'individu à disposer de lui-même ?

Bien sûr, tout individu possède ce droit. Mais une démocratie est fondée sur plusieurs valeurs dont l'une est l'interdit de tuer volontairement une personne innocente, même si cette personne le demande. Si cet interdit est transgressé, cela sape en profondeur les bases de la démocratie. A chaque situation, il y a toujours un chemin à parcourir qui soit pleinement respectueux de la personne en grande souffrance. Evidemment, cela implique nécessairement de la part de l'entourage beaucoup de délicatesse, de présence, d'engagement, de solidarité. Les soins palliatifs sont en pleine cohérence avec une démocratie solidaire, basée sur l'égalité de toute personne devant la loi. Par contre, même si l'euthanasie est dépénalisée au moyen d'un vote démocratique, une telle pratique s'oppose en réalité à la démocratie et y introduit un ferment de discrimination par rapport à des personnes en grande fragilité.

Extrait de l'interview accordée suite à la parution d'une publication récente :

"Aide-moi, je souffre trop !", Editions Licap, Bruxelles, 2013.

Prêtre de l'archidiocèse de Malines-Bruxelles, professeur de théologie et de philosophie


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