Déposé le 30/04/2015 à 18h24
Monsieur T. est béninois. Il est arrivé il y a plus de deux mois, méfiant, angoissé et souffrant. La seule position supportable pour lui est d'être allongé totalement à plat, sans oreiller. Ainsi immobile, le drap remonté jusqu'au cou, dessinant un corps trop maigre, le visage émacié, les yeux creusés, il ressemble un peu à une momie. Je l'ai déjà rencontré plusieurs fois et nous avons appris à nous connaitre un peu. Il parle peu, mais chacune de ses paroles est pesée. Quelques mots sur sa maladie, quelques mots sur son pays, quelques mots sur ses enfants restés là-bas... Il est à la fois grave et drôle, direct et pudique, et ne cesse de me surprendre par son agilité à passer d'un registre à l'autre.
Aujourd'hui, je vois à son regard que le moral est bas. Très bas...
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Déposé le 30/04/2015 à 18h20
Quand il s'agissait de pratiquer des interventions médicales sur des patients gravement malades pour lesquels il n'y avait aucun espoir de guérison, mon père avait les idées bien arrêtées : ces interventions étaient inappropriées. En tant que spécialiste des maladies infectieuses pendant des décennies, il avait été sollicité pour traiter des infections sur des patients mourants. Chaque fois que c'était possible, il répondait par la négative.
Mais lorsque j'ai demandé à mon père, atteint de la maladie de Parkinson en phase terminale, quels étaient ses souhaits de fin de vie, il exprima le désir que lui soit appliqué un traitement agressif...